tout changea. Dans son Claudius de 1703, il fit le premier essai barbare d’un mélange de textes italiens et de textes allemands. C’était pour lui pure fanfaronnade de virtuose, qui voulait montrer, comme il le laisse entendre dans sa préface, qu’il était capable de battre les Italiens sur leur propre terrain. Il ne se demandait point si c’était au détriment de l’opéra allemand. Hændel allait, à son exemple, mêler, dans ses premiers opéras, les airs sur paroles italiennes aux airs sur paroles allemandes[1] ; puis, il n’allait plus écrire que des opéras italiens ; et dès lors, son théâtre musical fut sans racines, sans peuple. Et la sanction de cette erreur fut l’oubli par l’Allemagne de l’opéra de Keiser et même de celui de Hændel, malgré leur génie à tous deux.
Hændel arriva à Hambourg, pendant l’été de 1703. On se le représente, à cet âge de sa vie, comme dans le portrait peint par Thornhill, qui est au Fitzwilliam Museum de Cambridge : une figure longue, calme, un peu chevaline : des yeux larges et sérieux, le nez grand et droit, le front ample, la bouche énergique aux lèvres gonflées,
- ↑ Certains opéras allemands mêlaient le hochdeutsch, le plattdeutsch, le français et l’italien.