Page:Rolland Handel.djvu/62

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en était tissée. C’était une volupté perpétuelle.

Quand Hændel arriva, le plus grand des musiciens italiens, Alessandro Scarlatti, venait de faire jouer au théâtre San Giovanni Grisostomo son chef-d’œuvre : Mitridate Eupatore, un des rares opéras italiens, dont la beauté dramatique égale la beauté musicale. Alessandro Scarlatti était-il encore à Venise, lorsque Hændel s'y trouva ? On ne sait ; mais en tout cas, ils devaient se rencontrer quelques mois plus tard, à Rome ; et il semble que dès cette époque, Hændel se soit lié d'amitié avec le fils d'Alessandro, Mimo (Domenico)[1] Il fit aussi à Venise d'autres rencontres, qui devaient changer sa vie : le prince de Hanovre, Ernest-Auguste, et le duc de Manchester, ambassadeur extraordinaire d'Angleterre à Venise. Tous deux étaient passionnés mélomanes, et s'interessèrent à Hændel. Les premières invites qui lui furent faites pour venir à Hanovre et a Londres, datent sans doute de là.

Mais si le voyage de Venise ne fut pas inutile pour l'avenir de Hændel, pour le présent il lui rapporta peu de chose. Hændel ne put rien

  1. Mainwaring a conté que Hændel arriva incognito à Venise, et qu'on le reconnut dans une mascarade, où il joua du clavecin. Domenico Scarlatti se serait écrié que ce ne pouvait être que « le celèbre Saxon, ou le diable ». Cette histoire, qui montre quelle était déjà la celébrité de Hændel comme virtuose, s'accorde assez bien avec le goût des mystifications, qui était dans son caractère.