Page:Rolland Handel.djvu/67

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l’exemple de son ami Corelli, il prit en Italie le goût passionné de la peinture[1], mais il s’essaya, avec un dilettantisme attentif, dans les genres les plus opposés, dont la société cosmopolite de Naples amusait sa nonchalante curiosité. L’influence espagnole et l’influence française se disputaient la ville. Hændel, aussi indifférent que Scarlatti à la victoire de l’un ou l’autre des deux peuples, s’essaya à écrire dans leur style à tous deux[2]. Il s’intéressait aussi aux chants populaires italiens, et notait les rustiques mélodies des Pifferari calabrais[3]. Pour les Arcadiens de Naples, il écrivait sa belle Serenata : Aci, Galatea e Polifemo[4]. Enfin, il avait le bon-

  1. Toute sa vie, une de ses distractions préférées, — comme de celles de Corelli et de Hasse, — fut de visiter des expositions de tableaux. Il faut noter cette intelligence visuelle chez les grands musiciens allemands et italiens de cette époque. On ne la trouverait plus chez ceux de la fin du XVIIIe siècle.
  2. On a conservé de lui une cantata spagnuola a voce sola a chitarra (publiée dans le second volume des Cantates italiennes con stromenti), — et sept chansons françaises dans le style de Lully, avec accompagnement de la basse de clavecin. Une copie de ces chansons se trouve à la Bibliothèque du Conservatoire de Paris (fonds Schœlcher).
  3. Une d’elles a fourni l’inspiration de la Sinfonia pastorale du Messie. — Hændel rapporta aussi d’Italie son goût pour la Sicilienne, qui faisait fureur à Naples, et qu’il employa, depuis Agrippina, dans presque tous ses opéras, et même dans ses oratorios.
  4. L’Aci, Galatea e Polifemo de 1708 n’a aucun rapport avec l’Acis and Galatea de 1720. Mais, à la reprise de cette dernière œuvre, en 1732, Hændel fit un remaniement de sa Sérénade italienne, et la donna à Londres en y mêlant des chants anglais de l’autre Acis.