Page:Rolland Handel.djvu/93

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furent ses premiers grands essais dans le genre monumental.

Hændel avait réussi à se faire, en dépit des usages, le compositeur officiel de la cour d’Angleterre. Mais ce n’avait pas été sans manquer gravement à ses devoirs envers ses autres maîtres, les princes de Hanovre, au service desquels il était. La situation était extrêmement tendue entre la cousine à héritage et les parents pauvres de Hanovre. La reine Anne les avait pris en grippe ; surtout, elle ne pouvait souffrir l’intelligente duchesse Sophie, elle la faisait chansonner ; et elle s’entendait secrètement avec le prétendant Stuart, qu’elle voulait reconnaître pour héritier. En restant à son service, Hændel prenait donc parti contre son souverain de Hanovre. Certains de ses historiens ont été jusqu’à prononcer le mot de trahison. C’est l’unique faute de sa vie que son hagiographe, Chrysander, n’excuse point : car elle blesse son patriotisme allemand. Mais, il faut bien le dire : de patriotisme allemand, Hændel n’en avait guère. Il avait la mentalité des grands artistes allemands de son temps, pour qui la patrie, c’était l’art et la foi. Peu lui importait l’État.

Il habitait alors chez des mécènes anglais : — pendant un an, chez un riche musicomane du