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  • DÉVELOPPEMENT DE L'OPÉRA ARISTOCRATIQUE EN ITALIE. 109

mie (1). Il devint maître de chapelle de S. Loronzo en novembre JG08, après la mort de Bâti ; chanoine des SS. Cosme et Damien (janvier 1609); maître de chapelle de la cour (février 1609), et des lors il fut le musicien en titre des divertissements et des tournois des fêtes religieuses et profanes, du palais et de l'église des Médicis. 11 soutient presque seul la musique florentine jus- que vers 1640.

Il no le doit pas à son génie, à l'honneur d'avoir inventé des formes nouvelles. Ce n'est pas un novateur. Toute sa force est dans l'heureuse harmonie de sa nature, ses facultés pondérées, sa perfection moyenne, et une science de son métier plus sûre que celle de ses devanciers. Malgré l'attrait de la nouveauté qui le fait entrer dans le mouvement littéraire et dramatique de l'époque, il est au fond attiré par l'art ancien et la musi- que pure. Son chef-d'œuvre est sans doute les Répons à quatre voix, qu'il écrit en 1630 pour la Semaine sainte (2). L'intérêt de son intervention dans le drame lyrique vient justement de ce qu'il y rétablit les droits de la musique, trop sacrifiée à la poésie par Gaccini et Péri. (En cela il se rapproche de Monteverde, mais avec un caractère bien différent.) 11 est très fâcheux que l'on ait tant perdu de son œuvre, et peut-être son ouvrage capital au théâtre, la Rappresentatione di S. Orsola, Vergine et Martire (au- tomne et hiver 1624) (3) , si l'on en juge par l'intérêt dramatique

��(1) L'académie des Elevali, sous le protectorat du cardinal Ferdinando Gonzaga, 1607. Gagliano y avait pris pour lui-même le titre de VAffannato (l'Inquiet).

(2) Responsi a 4 voci per la Settimana Santa. Chantés jusqu'à la première moitié de ce siècle, tous les ans, à S. Lorenzo de Florence. La bibliothèque Canal à Crespano en possède un exemplaire.

(3) C'est le sujet des jolies peintures de Carpaccio. — Ursule, fille du roi Dionocus de Cornouailles, a été promise au prince Ireus d'Angleterre. Mais le destin l'a désignée pour être la céleste fiancée du Seigneur. Tandis qu'elle se promène dans une petite barque avec les jeunes demoiselles do sa suite, une tempête éclate et l'emporte aux rivages germaniques. Elle y trouve les Huns qui assiègent Cologne. Les Barbares massacrent ses compagnes. Le roi Gaunus s'éprend d'elle; mais elle le repousse, et meurt dans le martyre.

On voit tout ce que le poème offrait à l'imagination pittoresque et à l'ex- pression des passions. Il s'y joignait un intérêt national , presque patrioti- que, dans ce siège d'une ville romaine par les Barbares.

La pièce fut jouée en automne 1624, et répétée en hiver, devant Ladislas Sigismond de Pologne. La poésie était de Salvadori, « con musica reci- t.Uiva. »

On ne doit pas moins regretter la perte du Medoro de 1619-1620 (Salva- dori et Gagliano), dont Doni dit : « Medoro, — dovo si riconobbp chiara-

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