Page:Rolland Les origines du théâtre lyrique moderne.djvu/149

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DÉVELOPPEMENT DE L'OPÉRA ARISTOCRATIQUE EN ITALIE. 135

solution de vivre en Dieu. Il a fui le monde et les siens. Dans son propre palais, sans être reconnu, il se cache sous le costume d'ermite. Les domestiques l'injurient et l'outragent. Le démon le torture par le spectacle de la douleur des siens , de son père , de sa mère, de sa femme qu'il aime et qui se meurt de son absence. Il va céder à sa tendresse. Un ange vient le secourir et l'avertit doucement que ses tourments vont prendre fin ; l'heure de la mort est proche. En effet elle vient ; le corps du saint martyr est rendu à ceux qui l'aimaient, et les anges du ciel chantent sa délivrance.

Le sujet est plus simple qu'on n'aurait pu l'attendre du goût de l'époque (1). La musique, supérieure à ce que nous avons vu à Rome jusqu'à cette date, a de l'énergie, un sentiment simple et profond, un caractère vraiment chrétien. Je noterai surtout un vigoureux chœur de démons, presque échappés du Tartare de Gluck (2); un délicieux petit dialogue où la madré et la sposa alternent leurs plaintes sur l'absence du bien-aimé avec une naï- veté touchante (3) ; et les airs du saint Alexis, pleins d'un charme de mélancolie et de douleur chrétienne (4). Chacun des trois actes est précédé d'une symphonie (ouverture) (5) écrite dans le style de la canzone pour orgue.

L'auteur, Stefano Landi (6), était un clerc bénéficié de Saint- Pierre de Rome. Le S. Alessio est la seule œuvre dramatique de

��cavalière romano ; S. Alessio; Sposa; Madré; Nutrice; Martio, Curtio, paggi; Angelo; Religione; Demonio; Nuntio.

Choro di Schiavi; Choro di Domestici di Eufemiano; Choro di Angeli ; Choro di Demonii dentro alla scena;

Choro di Demonii; Choro di Contadini; Choro di Giovani Romani; choro di Virtù ; — che ballano.

(1) Il est vrai que le cardinal l'a égayé de quelques épisodes plus qu'in- utiles à l'action : les bouffonneries des pages, les danses des paysans, les facéties du diable (qui se transforme en ours), les apparitions des grandes machines : Religion, Rome, etc., les flatteries du prologue et de l'épilogue, etc.

(2) Acte I, se. 4, p. 47.

(3) Acte I, se. 5, p. 54.

(4) Acte I, se. 2, p. 35, et p. 108.

(5) Orchestre de Landi : 3 violons, harpes, luths, gravicembali, théorbes, lyre.

(6) Stefano Landi, né à Rome en 1590, — du collège des chapelains chan- teurs pontificaux en 1629, maître de chapelle do l'église de la Madonna dei Monti. Peut-être avait-il connu Monteverde à Venise. En 1619, il était maître de chapelle de l'êvéque de Padoue. Nous connaissons de lui plusieurs volumes de madrigaux et d'airs à une voix, avec accompagnement do spinetta et de chitarra.

�� �