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Page:Rolland Les origines du théâtre lyrique moderne.djvu/199

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LES ESSAIS D'OPÉRA POPULAIRE EN ITALIE. 185

Garissimi avait écrit des opéras (1), (bien qu'on en ait long- temps douté) (2); mais il s'en détourna vite, peut-être à cause de son amour pour la vraie musique et des concessions que l'opéra forçait à faire au goût mondain , plus probablement encore par une naturelle inclination vers les pensées pieuses et par les occu- pations de sa charge.

Il écrivit aussi des livres théoriques très appréciés : des Conseils pour jouer de l'orgue (manuscrit de Bologne) et un Ars cantandi, traduit et publié à Augsbourg en 1696, réédité sept fois jus- qu'en 1753.

Ce génie puissant et calme, nourri des traditions des maîtres du seizième siècle, et soutenu par sa forte personnalité, a eu le talent de profiter des conquêtes nouvelles , sans renoncer à celles du passé. Il adopte la révolution dramatique du dix-septième siècle, mais avec toutes les ressources de l'art musical du seizième. Dans le style polyphonique et le chant figuré, il est le réel suc- cesseur de Palestrina, le chef de l'école romaine. Dans le style dramatique, il est l'intermédiaire obligé entre Péri et Mozart. Cette double supériorité le rendait surtout propre au genre de la cantate, qu'il porta à la perfection. — Née en même temps que la monodie, à la fin du seizième siècle, la cantate (3) participait à la

��con viol., paroles deFr. Balducci. — Il faut y joindre : lesMtssae a 5 et a 9 voc. cum selectis quibusdam Cantionibus (Cologne, 1665 et 1666, in-f°, 10 part, sep.); La Plainte des damnez s'y retrouve encore; — et la collection Mu- sica romana d. d. Foggiae, Carissimi, Gratiani, aliorumque, publiée par le P. Spiridione, à Bamberg, en 1665. — Le Jugement de Salomon est attribué à Samuel Capricorni. L'authenticité du David et Jonathas est douteuse. Il faudrait reviser aussi celle d'un certain nombre des compositions du Con- servatoire. Quelques airs de Carissimi sont disséminés dans les Raccolte d'Arie du dix-septième siècle, en particulier dans celles de 1646 (bibl. Lan- dau, de Florence) et de 1679 (bibl. Barberini, de Rome).

Les bibliothèques anglaises, et en particulier le British Muséum et le Christcollege d'Oxford possèdent de belles collections des cantates de Ca- rissimi (quelques-unes proviennent de la succession de Burney). Quelques manuscrits de Carissimi sont aussi à Hambourg. — Les chanteurs de Saint- Gervais ont exécuté l'an passé, à Paris, des fragments de Jephtè. Jonas a été donné intégralement à Cologne, en 1876, sous la direction de F. Hiller, qui en a retouché l'instrumentation.

(1) Le Amorose passioni di Fileno, représentés en 1647, casa Casali, à Bologne (livret au Liceo Musicale, 7429).

(2) Gevaert, Gloires de l'Italie.

(3) Burney cite Benedetto Ferrari de Reggio qui, dans ses Musiche varie a voce sola (Venise, 1638), intitule une pièce : Cantuta. Il cite aussi les can- tatè, ariette e duetti de Barbara Strozzi, 1653. Mais il y en avait eu bion avant, avec ou sans le titre.

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