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Page:Rolland Les origines du théâtre lyrique moderne.djvu/226

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212 LES ORIGINES DU THÉÂTRE LYRIQUE MODERNE.

pi (1), composé à l'occasion des noces du margrave Christian Ernst de Brandebourg avec la princesse de Saxe. La musique, supérieure aux opéras allemands de l'époque, est en retard d'une dizaine d'an- nées sur les Italiens d'Italie. Elle se passe en ennuyeux récitatifs (2), ou en airs d'un rythme monotone (3). On retrouve l'Italien dans quelques pages, dans quelques accents amoureux, à leur jeunesse d'émotion et de trouble tendre. Il serait intéressant de savoir si Gluck eut connaissance de la musique de Bontempi ; car il s'en rapproche dans les récitatifs, sinon dans les délicieux airs de Paris et Hélène. Peut-être aussi Mozart y a-t-il jeté les yeux. Un vague souffle de don Juan passe dans la scène du duel (4), dans les gémissements à demi bouffes d'Ermillo, sur le monotone et lugubre accompagnement de la basse.

Mais toute l'originalité de la pièce est dans le poème. Il était écrit bien avant la musique. Bontempi le dit dans son avertisse- ment « dem Gunstigen Léser » ; d'autres compositeurs l'avaient même déjà traité. La préface, qui est passablement allemande, em- brouillée, amphigourique et pédante, mais d'une bonhomie go- guenarde, nous éclaire sur la nature de ce singulier drame.

  • Il diffère, » dit-il, « dans la matière et dans la forme, de toutes

les œuvres que j'ai lues, vues, ou entendues. J'ai peut-être créé quelque monstre d'Horace, ne pouvant le faire rentrer dans au- cune catégorie définie et connue. — Il est divisé en cinq parties ; mais la première n'expose pas le sujet ; la deuxième ne met pas les affaires en mouvement; la troisième n'y amène pas d'obsta- cles ; la quatrième ne montre aucun chemin pour les tourner ; la cinquième ne conclut rien. Il n'y a pas de prologue, ni de dis-

��gestellt von Johann-Andrea Bontempi von Perusio Churfûrstl. Durchl. zu Sachsen bestaïten Oapellmeistern, —in den Hoch Fûrstlichen Beylager in Dresden, anno 1662. — Richement édité. On en trouve des exemplaires dans plusieurs bibliothèques d'Europe, à Paris, Bologne, Florence, Vienne, Berlin, Lùneburg, Wolfenbûttel. Celui de Bologne est plus beau et plus complet que celui de Paris (Rés. V m , 783), où la préface manque.

(1) Jean-André Bontempi, né à Pérouse vers 1630, élève de Virgilio Maz- zocchi, maître de chapelle à Rome et à Venise, mourut à Pérouse vers 1697. Il était lettré; il écrivit en 1672 l'Istoria délia Ribellione d'Ungheria. L'électeur le chargea d'écrire l'histoire des origines de la maison de Saxe. Il composa un oratorio sur saint Emilien, évêque de Trêves.

(2) « Haverei potuto trattar con modi più affettuosi le tessiture di questi Numeri ; ma per non confonder anch' io la Scena con l'oratorio, — hebbi per oggetto Timitatione del parlar naturale » (Préface).

(3) Généralement en 3/2.

(4) Acte V, se. vu.

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