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Page:Rolland Les origines du théâtre lyrique moderne.djvu/253

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L'OPÉRA EN FRANCE. 239

L'Académie tint ses séances dans la maison de Baïf , sur les fossés Saint-Victor-aux-Faubourgs (23 et 25, rue des Fossés- Saint-Victor) (1). Il est probable que le poète essaya d'introduire en France dos représentations semblables à celles de Venise; (il ne peut être encore question de tragédies chantées, mais sans doute de morceaux lyriques intercalés dans des spectacles, et accompa- gnés de musique). Il donna surtout des concerts (2), où Char- les IX lui-même assistait. Henri III continua à y venir. Vers 1576, ce fut dans le cabinet même du roi que se tinrent, deux fois par semaine, les séances de l'Académie (3). Baïf y faisait enten- dre de la musique italienne. Il travaillait aussi, avec le concours d'autres artistes (4), à donnera la France une langue proprement

(1) « Domum et situ, et cultu peramoenam incoluit in Lutetiae subur- biis ab omnibus politis hominibus assidue frequentatum, praesertim à Mu- sicis, cura eos ad novum istud numerorum genus emodulandura, et fidibus aptandum cupidissimè invitaret institutâ in hune usum apud se Academià, cujus ad inusitatos concentus summi etiam Principes animi gratiâ saepe- numero confluebant. » (Scevole de Sainte-Marthe.)

(2) M. Chouquet y fait remarquer la première pensée des concerts pério- diques de musique de chambre, fondés par Philidor en 1725.

(3) A. d'Aubigné, Histoire universelle, II, 20, cité par Sainte-Beuve p. 421.

(4) Voir les Mascarades de Mellin de Saint-Gelais, Jodelle, Desportes, etc. Ronsard a composé 82 mascarades, combats et cartels, pour les fêtes et di- vertissements de la cour. On y trouve des « stances à chanter sur la lyre » (pour l'avant venue de la Royne d'Espagne à Bayonne), etc.

La Bibliothèque Nationale de Paris a plusieurs recueils de. poésies célè- bres du seizième siècle, mises en musique par des compositeurs français de l'époque. Voici les titres des deux principaux : Premier livre d'Odes de Ronsard, mis en musique à 3 parties par Pierre Clereau. Paris, Adrian le Roy et Robert Ballard, 1566 (2 e superius) , Rés. V ra7 , 225. — Chansons de P. de Ronsard, Ph. Desportes et autres (Baïf, Sillac, Filleul), mises en mu- sique par N. de La Grotte, vallet de chambre et organiste du roy. Paris, 1575. A le Roy et Ballard (superius).

Le recueil est précédé d'un sonnet « à Ms r le duc d'Anjou, filz et frère do Roy, » par N. de La Grotte.

Or que la France émeue et tramblante de rage

Fait en son propre sang ses plaines ondoyer

Et que vous (Monseigneur) marchez pour foudroyer

Ceux qu'on pense à bon droit chefs de tout ce dommage ;

Je vous offre ces vers comme un heureux présage

De plus douce saison : que nous doit envoyer

Le ciel, qui se répand, d'avoyr fait tournoyer

Par nos chams si longtemps, le meurtre et le carnage.

Et quand la guerre encor' ne s'appeseroyt pas Si pourront ilz servir au retour des combats Pour chasser quelquefoys voz soucis en arrière.

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