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244 LES ORIGINES DU THÉÂTRE LYRIQUE MODERNE.

temps de Molière (1). L'entourage de Louis XIII se divertissait à ces spectacles, plus encore que le roi, et la cour licencieuse de Gaston d'Orléans ne fut pas inutile au développement de la mu- sique. L'institut musical des pages, fondé par le prince, eut un heureux succès : de là sortit le fondateur de l'opéra français , Gambert.

��La mélancolie de Louis XIII et sa religion sévère le détour- naient sans doute des représentations théâtrales. Les spectacles, depuis longtemps en usage en Italie , ne devinrent publics en France, qu'après sa mort; pendant tout son règne, le drame mu- sical n'y fit aucune apparition. Mais dès les premières années de la régence, il s'introduisit à Paris sous le pavillon italien (2). Le 14 ou le 24 décembre 1645, les comédiens italiens jouèrent au Petit-Bourbon, devant la reine, la Festa teatrale délia fmta pazza, poème de Strozzi , machines de Torelli et Balbi (S). C'était une comédie en cinq actes , mêlée de chants et de déclamation , avec

��(1) Ballet du Roi, 1617. — Ballet de la Sérénade, 1619 (Guédron). — Ballet de Psyché, 1619 (Guédron). — Ballet des Dix verds, 1620 (Ant. Boesset). — Ballet d'Apollon, 1621 (Ant. Boesset).— Ballet du Roi, 1622 (Ant. Boesset). — Ballet de la Reine (Ant. Boesset). — Ballet de la douairière de Bille- bahaut, 1626 (Aut. Boesset). — Ballet du Landy, 10 fév. 1627. — Ballet des Andouilles, 1028. — Ballet de la Merlaison, 1635 (Louis XIII). — Ballet dos Triomphes (Ant. Boesset). — Ballet du Temps (Jean Boesset). — Alcidiane, ou triomphe de Bacchus (Jean Boesset), etc.

Ces ballets deviennent absurdes, agrémentés parfois d'une licence obscène.

(2) Il n'est pas malaisé d'y sentir l'influence de Mazarin, très connaisseur en musique. En 1639, chargé de la légation de France à Rome, il y fit exé- cuter, au palais de l'ambassade, un opéra inconnu, dédié au cardinal de Richelieu : Il Favorito del principe. Ottaviano Castelli en avait écrit le livret. — Les opéras de Giulio Strozzi (Proserpina rapita, 1645) sont repré- sentés à la même époque, à l'ambassade française. Enfin, en 1648, le car- dinal Michèle Mazzarino, frère du ministre, et ambassadeur à son tour, donne dans son palais, la Gilinda de Francesco Zitti, dédiée à la^M. Christ, délia Regina di Francia. Trois lis d'or apparaissaient dans l'apothéose, avec la couronne de France parmi de glorieux présages (Voir Ademollo , Teatri di Roma).

(3) La musique était sans doute de Sacrati. Le poème de Giulio Strozzi est le même que traita Monteverde en 1627, et dont la musique est perdue (Voir p. 93, note 1. La finta pazza Licori). Francesco Sacrati, de Parme, le remit en musique pour le teatro Novissimo de Venise, qui inaugura avec cet opéra ses représentations, en 1641. Je ne connais point la partition. Des exemplaires du livret se trouvent à la Bibliothèque Nationale de Flo- rence, au Conservatoire et à la Bibliothèque Nationale de Paris.

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