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Page:Rolland Les origines du théâtre lyrique moderne.djvu/54

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40 LES ORIGINES DU THÉÂTRE LYRIQUE MODERNE.

discrédit sur la profession. Mais le plaisant et le sérieux sont unis par des rapports de père à fils. Aristote le dit ; Homère et Virgile en donnent l'exemple (1). »

« Je sais bien que par aventure, certains pourront, à première vue, juger bas et légers mes caprices; mais qu'ils sachent qu'il faut autant de grâce, d'art et de naturel, pour bien tracer un rôle de comédie, que pour représenter un vieux sage raisonneur (2). »

Il nous est bien aisé de comprendre aujourd'hui la noblesse de la comédie et les raisons d'Orazio. Sa conception de la comédie musicale nous déroute davantage. — Il y est amené d'abord par le besoin impérieux qu'ont tous les vrais artistes de laisser dé- border le flot de leur invention : « Il ne me semble pas, » dit-il, « que je doive écarter ces idées musicales qui s'offrent naturelle- ment à mon esprit (3). » (Rien, ici, de la laborieuse recherche et du travail d'invention factice des mélodistes florentins.) — En second lieu, il cède au besoin de nouveauté qui possède sa na- ture remuante et originale (4). — Mais il est d'autres raisons plus profondes qui légitiment son essai. Elles sont tirées de l'essence même de l'art : « La musique est poésie au même titre que la poésie

��(1) On dira que « non si serba il decoro , il framettere la musica ridicola con la grave, poiche si viene à rendere di poco grido, et di minore stima la professione. Ma il piacevole et il grave sono correlativi insierae come padre e figlio. » Suivent des exemples d'Aristote : Rhélor. à Théod. et Alex., III; Poétique, I. — Bald. Castiglione, Cortigia.no, II. — Homère a fait l'Odyssée et la Topeide; Virgile, VEnéide et la Bucolique. — Tasso a dit :

Sai che la corre il mondo ove piu versi Di sue dolcezze il lusinghier parnaso E che '1 vero condito, in molli versi I più schivi allettando ha persuaso.

(Veglie di Siena, 1604. Hor. Vecchi, Ai lettori.)

(2) « So bene che per avventura, alcuni potrebbono al primo incontro, questi miei Capricci, bassi e leggieri stimare , ma sappino questi che altro tanto di gratia, d'arte, e di natura ci vuole à far bene una parte ridicola in Comedia, quanto à fare un vecchio prudente e savio ; e non sanno che al musico sta bene alcuna volta col canto grave, il famigliare inserire, pren- dendosi l'essempio dai Poeti , che se bene la Tragedia deve star dentro à suoi termini , non servendosi délie parole domestiche délia Comedia, ne questa di quella; dice Horatio nell* arte poetica :

Spesso aviene perô ch' alza la voce 11 comico, e ragiona alcuna volta Il tragico con voce humile, e bassa. »

(Selva di varia ricreatione , 1590. Ai lettori.)

(3) «... non parendomi dar repuisa à quei pensieri musicali, che per natu- rale inclinatione mi s'offrono ail' intelletto. » {Amphiparnaso.)

(4) Voir le Convito musicale.

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