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42 LES ORIGINES DU THÉÂTRE LYRIQUE MODERNE.

donc de condenser, resserrer, supprimer les détails, et de ne prendre que les situations capitales, les moments caractérisques du sujet. L'imagination doit suppléer au reste (1). »

Remarquons qu'il ne s'agit pas du tout de comédie jouée pour le spectacle des yeux. C'est une idée qui ne vient même pas à l'esprit de Vecchi. Sans doute serait-il choqué de l'invraisem- blance dont les yeux avertissent l'âme, à voir représenter des hommes par des acteurs chantants, et surtout par une troupe d'acteurs. Il y a plus de vérité, ou du moins d'illusion, à ne s'adresser qu'à l'oreille. C'est ce que n'ont point senti la plupart des critiques (2), qui, ne prêtant aux œuvres de Vecchi qu'une intention enfantine ou bouffonne, y voient un simple jeu musi- cal, et ont passé, sans le comprendre, sans chercher l'intérêt de ses essais dramatiques. A tout le moins, ce sont ici des sympho- nies dramatiques dans le genre de Berlioz, et il serait bon de les étudier de plus près.

Pour juger pleinement l'œuvre d'art de Vecchi, il faut d'abord connaître exactement le mode de représentation. Banchieri nous fournit sur ce point toutes sortes de détails, dans la préface de la Sagesse juvénile (3) :

��(1) « E ben vero che '1 giovamento di essa sarà alquanto rimesso, e minor di quello délia scmplice Comedia, perche dovend' io il canto più tosto ail' affetto, che alla moralità, mi è convenuto usare gran risparmio di sentenze. E per6 l'attione è più brève del dovere, perche essendo il nudo parlare piu spedito del canto unito aile parole, non era bene discendere a certi parti- colari délia favola, accio che l'udito non si stancasse prima, che giungesse al fine, tanto piu non essendo tramezato la Musica dalla vaghezza délia vista, in modo taie che l'un senso venga ricreato dalla vicissitudine dell' altro. » (Amphiparnaso.)

Il faut ajouter, en effet, qu'un seul sens devant suppléer à tous les autres, se fatigue plus vite.

(2) M. Gevaert les traite a d'essais informes du théâtre chinois » (Ce serait du raffinement au contraire).

(3) Modo da tenersi in cantare semplicemente la Comedia di Prudenza Giovenile. « Uno de gli tre Cantori di Terzetto in Terzetto, avanti la Mu- sica, leggerà forte il titolo délia Scena, nomi degli Intercantori, et Argo- menti : si canti pausatamente, et con gratia, antivedendo le parole non Toscane, alcune novità di Armonia; e ciô basti. »

Ordine di recitare musicalmente la vagha et nuova inventione di Co- media inlitolata Pr. G. ordinata da dui Recilatori, che sono Opéra, et Cu- riosità. ,

« Volendo recitare la sudetta Comedia musicalmente ; sa necessario riti- rarsi entro una Stanza non molto grande, e più chiusa" che si puote (accib le Voci, e Stromenti megliô si possino godere). Et in angolo di detta Stanza, porre un paio di Tappeti grandi sopra il pavimento, insieme una prospet-

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