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Page:Rolland Les origines du théâtre lyrique moderne.djvu/77

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l'antiquité et le drame lyrique florentin. 63

C'est un malheur pour l'art qu'il n'ait pu voir la renaissance de la monodie, qu'il avait préparée, et l'éclosion du drame lyrique, auquel il eût donné sans doute plus de vie, et d'an art plus élevé, que Péri et Cavalière. Il mourut en 1599, dans la pleine force de son talent (1).

Ainsi, les deux plus grands musiciens de l'Italie, qui d'accord avec les lettrés, cherchent, avant 1590, à restaurer le théâtre an- tique, ne conçoivent encore la part de la musique que comme secondaire, et la réservent aux chœurs de la tragédie.

L'Académie de Bardi la fait pénétrer au sein même du drame , dans la déclamation lyrique et dans le dialogue.

��Giovanni Bardi , comte de Vernio , tenait à Florence , vers la fin du seizième siècle, un salon d'artistes, qui avait fini par pren- dre, comme toutes les sociétés du temps, le caractère d'une petite Académie (2). La nuance en était surtout musicale, mais sans pédantisme et de bonne compagnie. Le maître de maison lui- même était compositeur. C'est dire qu'un dilettantisme intelli- gent dominait dans ces réunions, où l'on s'occupait de musique avec des préoccupations littéraires. La musique y gagnait moins que les musiciens. Ils y prirent une intelligence dés choses de l'art, très supérieure à la moyenne ; quand on compare l'esprit d'un Mozart ou d'un Rossini à celui d'un Caccini, d'un Péri ou d'un Gagliano , on est frappé de la supériorité de ceux-ci. Ils la durent en partie au salon de Bardi. Caccini le proclame haute-

��Ci) Luca Marenzio, né vers 1550, à Coccaglia, près Brescia; maître de cha- pelle du roi de Pologne, puis du cardinal d'Esté, du cardinal Aldobrandini, chapelain-chanoine de la Sixtine en 1595.

(2) Il serait curieux d'étudier ce besoin d'Académies en Italie, au com- mencement du dix-septième siècle. — Je ne parle pas de celle des Carraches à Bologne {Desiderosi et Incamminati). — Après la mort de Corsi, Ga- gliano fonde les Elevati en 1607. Les Allerati de Florence ne font pas de place à la musique. Mais, à la même époque, on compte les académies mu- sicales suivantes : Sienne, Intronali, Filornati ; Mantoue, Invaghiti ; Vi- cence, Olimpici; Bologne, Gelati; Ferrare, Intrepidi.

Sans parler pour tous les arts réunis, de : Sienne, Filomeli ; Ferrare, délia Morte, dello Spirito santo; Vérone, Filarmonici; Pérouse, Unisoni ; Césène, Eterei.

Puis viennent (musique seule) vers 1620 : Bologne : Floridi, Filomusi; Bergame, Eccitati; Faenza, Spennati; Padoue, Occulti; Casalraaggiore, Fi- lomeni; Udine, Sventati; Brescia, Erranti.

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