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la vie de Michel-Ange

de ne pas se réduire à l’état d’homme de peine.[1] Dans l’automne de 1531, on craignit pour sa vie. Un de ses amis écrivait à Valori : « Michel-Ange est exténué et amaigri. J’en ai parlé dernièrement avec Bugiardini et Antonio Mini : nous étions d’accord qu’il n’a plus longtemps à vivre, si l’on ne s’en inquiète sérieusement. Il travaille trop, mange peu et mal, et dort encore moins. Depuis un an, il est rongé par des maux de tête et de cœur, »[2] — Clément VII s’en inquiéta en effet ; le 21 novembre 1531, un bref du pape défendit à Michel-Ange, sous peine de l’excommunication, de travailler à autre chose qu’au tombeau de Jules II et à ceux des Médicis,[3] afin de ménager sa santé et « de pouvoir plus longtemps glorifier Rome, sa famille, et lui-même ».

Il le protégea contre les importunités des Valori et des riches mendiants, qui venaient, selon l’habitude, quémander des œuvres d’art et imposer à Michel-Ange des commandes nouvelles. « Quand on te demande un tableau, lui faisait-il écrire, tu dois t’attacher ton pinceau au pied, faire quatre traits, et dire : « Le tableau est fait. »[4] Il s’interposa entre Michel-Ange et les héritiers de Jules II, qui devenaient menaçants.[5] En 1532, un quatrième contrat fut signé entre les représentants du duc d’Urbin

  1. « … Non voria che ve fachinasti tanto… » (Lettre de Pier Paolo Marzi à Michel-Ange, 20 juin 1531) — Cf. lettre de Sébastien del Piombo à Michel-Ange. (16 juin 1531)
  2. Lettre de Giovanni Battista di Paolo Mini à Valori. (29 septembre 1531)
  3. «… Ne aliquo modo laborare debeas, nisi in sepultura et opera nostra, quam tibi commisimus… »
  4. Lettre de Benvenuto della Volpaja à Michel-Ange. (26 novembre 1531)
  5. « Si vous n’aviez le bouclier du pape, lui écrit Sébastien, ils sauteraient comme des serpents. » (Saltariano come serpenti.) (15 mars 1532)
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