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la vie de Michel-Ange

il avait eu le loisir de rougir de sa peur. Sa fuite avait fait grand bruit à Florence. Le 30 septembre, la Seigneurie décréta que tous ceux qui avaient fui seraient bannis, comme rebelles, s’ils ne rentraient pas avant le 7 octobre. À la date fixée, les fuyards furent déclarés rebelles, et leurs biens confisqués. Cependant, le nom de Michel-Ange ne figurait pas encore sur la liste ; la Seigneurie lui laissait un dernier délai, et l’ambassadeur Florentin à Ferrare, Galeotto Giugni, avertit la République que Michel-Ange avait eu trop tard connaissance du décret, et qu’il était prêt à revenir, si on lui faisait grâce. La Seigneurie promit son pardon à Michel-Ange ; et elle lui fit porter à Venise un sauf-conduit par le tailleur de pierres Bastiano di Francesco. Bastiano lui remit en même temps dix lettres d’amis, qui, tous, le conjuraient de revenir.[1] Entre tous, le généreux Battista della Palla lui adressait un appel plein d’amour de la patrie :

Tous vos amis, sans distinction d’opinion, sans hésiter, d’une seule voix, vous exhortent à revenir, pour conserver votre vie, votre patrie, vos amis, vos biens et votre honneur, et pour jouir des temps nouveaux, que vous avez ardemment désirés et espérés.

Il croyait que l’âge d’or était revenu pour Florence, et il ne doutait point du triomphe de la bonne cause. — Le malheureux devait être une des premières victimes de la réaction, après le retour des Médicis.

Ses paroles décidèrent Michel-Ange. Il revint, — lentement ; car Battista della Palla, qui alla au-devant de

  1. 22 octobre 1529.
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