Page:Rollinat - L’Abîme, 1886.djvu/180

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Je vais au hasard de mon être,
Par un chemin toujours béant,
Me recoucher dans le néant
Où je dormais avant de naître.

Je veux croire, en ma Vanité,
Avec la Foi qui le proclame,
Que le prolongement de l’âme
S’enfonce dans l’éternité ;

Que le monde et ce qu’il renferme
Tend vers son Dieu dont il a faim,
Et que la mort n’est pas la fin,
Mais le commencement sans terme.

Hélas ! la Foi n’est qu’un lampion
Obscurci par ma défiance,
Quand je consulte cet espion
Qui s’appelle la Conscience.