Page:Rollinat - L’Abîme, 1886.djvu/64

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Pas un oubli, pas un repos !
Dans ses abominables fièvres
Il tressaille comme les lièvres ;
Il tremble comme les crapauds !

Maintenant, il sent la poursuite
De l’agonie et de la mort ;
Le danger part comme un ressort
Devant ses pas toujours en fuite.

Il longera l’humanité
Comme on côtoie un précipice,
Sans fin, jusqu’à ce qu’il croupisse
Dans le trou de l’éternité.

Tous les fantômes qu’il invente
Vivent au gré de son effroi,
Et les cadavres ont moins froid
Que ce glacé de l’épouvante.