Aller au contenu

Page:Rollinat - L’Abîme, 1886.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Il use quelquefois sa pénétration
À ce métal humain qu’on appelle un avare,
Et s’émousse aux cœurs plats sans boussole ni phare
Qui flottent sur l’égout de la Sensation.

Mais chez l’homme où l’ennui fait grouiller ses cloportes
Et dont la volonté s’exerce en frissonnant,
Il entre à la façon d’un mauvais revenant
Qui traverse les murs, les vitres et les portes.

Le criminel pensant, l’amant pronostiqueur,
Les suppôts angoisseux du mauvais et du pire,
Ceux que le soliloque astreint à son empire,
Ceux ne pouvant dompter les battements du cœur,

Tous ceux-là renfermés et seuls à se connaître,
Ont parfois la pâleur des morts en écoutant
Le sifflet vipérin, sournois, intermittent
D’un pressentiment noir qui rampe dans leur être.