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LES PARFUMS


À Georges Lorin.


 
Un parfum chante en moi comme un air obsédant :
Tout mon corps se repaît de sa moindre bouffée,
Et je crois que j’aspire une haleine de fée,
Qu’il soit proche ou lointain, qu’il soit vague ou strident.

Fils de l’air qui les cueille ou bien qui les déterre,
Ils sont humides, mous, froids ou chauds comme lui,
Et, comme l’air encor, dès que la lune a lui,
Ils ont plus de saveur ayant plus de mystère.

Oh oui ! dans l’ombre épaisse ou dans le demi-jour,
Se gorger de parfums comme d’une pâture,
C’est bien subodorer l’âme de la Nature,
Humer le souvenir, et respirer l’amour !

Ces doux asphyxieurs aussi lents qu’impalpables
Divinisent l’extase au milieu des sophas,
Et les folles Iñès et les pâles Raphas
En pimentent l’odeur de leurs baisers coupables.