Page:Rollinat - Paysages et paysans.djvu/168

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Tout’ petit’, j’étais amoureuse,
J’étais déjà foll’ d’embrasser…
Et, mes seize ans v’naient d’commencer,
Que j’m’ai senti d’êtr’ langoureuse,

Autant q’l’âm’ j’avais l’corps en peine :
Cachant mes larm’ à ceux d’chez nous,
Aux champs assise, ou sur mes g’noux,
Des fois, j’ pleurais comme un’ fontaine.

Les airs de vielle et d’cornemuse
M’étaient d’la musique à chagrin,
Et d’mener un’ vache au taurin
Ça m’rendait songeuse et confuse.

J’avais d’la r’ligion, ma mèr’ Lise,
Eh ben ! mon cœur qui s’ennuyait
Jamais alors n’fut plus inquiet
Qu’ent’ les cierg’ et l’encens d’l’église.

Ça m’tentait dans mes veill’, mes sommes,
Et quoi q’c’était ? J’en savais rien.
J’m’en sauvais comm’ d’un mauvais chien
Quand j’trouvais en c’h’min quèq’ jeune homme,