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LA MORT AU PRINTEMPS


La nature, au printemps, semble par sa féerie
Glorifier tous les trépas qu’elle a conçus.
Passe un enterrement ? elle répand dessus
Son parfum, sa musique et sa grâce fleurie.

On dirait qu’elle veut que chaque arbre sourie
Aux mignonnets cercueils des tout petits Jésus,
Que ces panaches, d’ombre et de vapeur tissus,
Célèbrent la candeur de leur âme inflétrie.

Alors, son beau soleil qui fait pâlir les cierges,
Nimbant aux chemins creux les convois blancs des vierges,
Elle fond ses couleurs à celles de leur mort.

Et leurs bières, hélas ! si roides et si closes,
Harmonieusement, passent dans le décor
Des cerisiers neigeux et des pommiers tout roses.