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Page:Rollinat - Paysages et paysans.djvu/43

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Ces chos’ qui dur’ toujours ou qui meur’ ben anciennes,
On voit qu’ell’ chang’, comm’ l’homm’, leur humeur, leurs façons,
Q’la Nature, ainsi q’vous, a tristess’ et chansons,
Et q’les vot’ tomb’ souvent ben juste avec les siennes.

Nuancés, brum’, pluie et vent, la plein’ lumière, l’ombre,
Compos’ le sentiment des form’, des teint’, des bruits,
Qui s’communique au vôt’ !… tell’ment ! q’par un’ bell’ nuit,
Des fois, vous êt’ plus gai que lorsqu’i n’fait pas sombre.

J’rêv’ le rêv’ de tout ça, j’suis en pierr’ comm’ la roche,
En végétal comm’ l’herbe, en liquid’ comme l’eau,
J’rumin’ l’engourdiss’ment ou l’frisson du bouleau…
Et sauf que j’écris pas sur un agenda d’poche,

Que j’crains pas tant l’soleil, et que j’suis pas si blême,
J’song’ comm’ ceux gens d’Paris, bien vêtus, aux blanch’ mains,
Qui, t’nant un bout d’crayon, caus’ tout seuls dans les ch’mins,
L’œil ouvert droit d’vant eux, mais qui plonge en eux-mêmes.

L’éternité s’ennuie aussi ben q’moi qui passe,
Des moments que j’suis là si triste à la sonder,
J’la surprends, elle aussi, ben triste à me r’garder :
Alors, je m’sens l’cœur vide aussi profond q’l’espace ! »