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Page:Rollinat - Paysages et paysans.djvu/55

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TRISTESSE DES BŒUFS


 
Voilà ce que me dit en reniflant sa prise
Le bon vieux laboureur, guêtré de toile grise,
Assis sur un des bras de sa charrue, ayant
Le visage en regard du soleil rougeoyant :

« Ces pauv’ bêt’ d’animaux n’comprenn’ pas q’la parole.
T’nez ! j’avais deux bœufs noirs !… Pour labourer un champ ?
C’était pas d’leur causer ; non ! leur fallait du chant
Qui s’mêle au souffl’ de l’air, aux cris de l’oiseau qui vole !

Alors, creusant l’sillon entr’ buissons, chên’s et viornes,
Vous les voyiez filer, ben lent’ment, dans ceux fonds,
Tels que deux gros lumas, l’un cont’ l’aut’, qui s’en vont
Ayant tiré d’leu têt’ tout’ la longueur des cornes.