Page:Romains - Les Copains.djvu/169

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— Sergent ! Sergent ! Venez tout de suite !

On entend des jurons étouffés. Quelqu’un sort du poste, ouvre le portillon de la grille.

Dans la lueur des réverbères, il voit deux messieurs en chapeau haut de forme, décorés, encadrant un monsieur barbu qui fume une cigarette et qui n’a pas l’air de n’importe qui. Il voit encore un monsieur qui se tient en arrière, une serviette sous le bras.

L’œil dilaté, il salue et, comme on tombe en catalepsie, tombe au garde à vous.

— Sergent ! Qu’on aille me chercher sans retard le colonel et les deux chefs de bataillon ! Je les attendrai ici.

Le sergent salue, bondit, entre dans le poste, hurle des ordres.

Le poste vomit tous ses hommes. Tandis que deux d’entre eux passent la grille, contemplent les quatre civils d’un air hébété, hésitent une seconde, puis saluent, et s’enfoncent dans la nuit au pas gymnastique, les autres, se frottant les yeux, redressant leur képi, bouclant leur ceinturon, accro-