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Page:Romains - Les Copains.djvu/194

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la rue ; ils s’entre-choquaient. Plusieurs finissaient par rester immobiles, ventre à ventre, la bouche ouverte, les yeux cloués. D’autres se mettaient à courir en retenant leur pantalon.

Les trois copains se défilèrent.

Des sonneries de clairon bondissaient par-dessus la fusillade. Il y avait des accalmies des instants où le tumulte semblait s’aplatir contre le sol, et faire le mort. Puis il se relevait, il reprenait sa taille et sa force.

— Je commence à être inquiet, dit Bénin. Il me semble que nous avons fichu le feu à la forêt de Fontainebleau en jetant un bout de cigare.

— Hum ! Qu’est-ce que doit penser Broudier ?

— Lui ? Je le connais. Tour à tour il se tortille les mains et il caresse sa moustache. Il renifle le chahut avec des grognements d’aise.

Dans toutes les rues, ruelles et carrefours des gens s’agitaient, couraient, criaient. Ce