Page:Romains - Les Copains.djvu/209

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bannissant le rite même auquel l’a destinée le Créateur.

« Car, mes bien chers frères, c’est par une étrange bévue que les fanatiques de la pureté mettent leurs idées au compte de Dieu. Rien, dans l’Ancien ni le Nouveau Testament, qui les y autorise. Ces ennemis de la vie, de l’amour et de la fécondité se réclament du Dieu des Patriarches, du Dieu qui a si visiblement favorisé les époux vigoureux et les pères prolifiques ; du Dieu qui a dicté le Cantique des Cantiques, le chant le plus ardent, le plus voluptueux qui ait retenti sous une nuit orientale, et qui, si je le redisais du haut de cette chaire, atterrerait leur pudeur huguenote ; ils se réclament du Christ, qui fit de l’amour sous toutes ses formes la vertu par excellence, du Christ qui fut l’ami indulgent de la pécheresse Madeleine, du Christ qui protégea la femme adultère, du Christ qui a résumé sa doctrine dans ces deux préceptes : « Aimez-vous les uns les autres ! » — « Croissez et multipliez ! »