Page:Romains - Les Copains.djvu/26

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globe pour les protéger. Son visage glabre, mou et blanc, était la couche d’ouate où reposaient délicatement ces objets curieux.

— Je puis dire que je n’ai pas compris, avoua Martin, dont l’aspect ne comportait rien de particulier.

Pendant une minute, la table demeura silencieuse. Jamais Bénin n’avait été aussi présent. Il obsédait l’âme. Il chargeait l’air comme un nuage aux formes cocasses. Son verre de lampe, qu’il avait laissé debout sur la table, chantait ; une fanfare de bigophone semblait sortir de ce tube.

La conversation reprit, pauvrement.

Soudain la porte grinça, et Bénin parut.

Son extérieur fut remarqué. Selon toute vraisemblance. Bénin arrivait droit d’une boîte à ordures. Des souillures grasses, des plaques de poussière épaisse parsemaient son vêtement. Ses mains, ses joues étaient fardées de suie. Une longue toile d’araignée lui couvrait les cheveux, à la façon d’une coiffe paysanne. Des fils pendaient sur son