Page:Romains - Les Copains.djvu/30

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« Alors, messieurs, malgré la haine que dans ce grenier je ressentais pour vous ; malgré la saleté de votre conduite, j’ai regretté votre absence.

« J’aurais voulu que les copains fussent là ! Un tel spectacle, messieurs, ne vous aurait pas laissés indifférents. Et peut-être auriez-vous été frappés comme moi par l’expression de deux de ces yeux, expression à vrai dire indéfinissable, mais qui m’a semblé provocatrice. Je fais allusion (et il baissa la voix) à l’œil nommé Issoire, et à l’œil nommé Albert. Ces yeux ne sont rien pour vous. Vous n’avez pas encore regardé leur regard (et ici Bénin fredonna quelque chose).

« Je suis redescendu pour que vous montiez. Je me tais pour que vous parliez. »

Bénin était debout, cambré, le bras gauche pendant, le droit tendu, les prunelles fixes, les cheveux emphatiques.

Il avait la table à la hauteur de son nombril et le groupe des copains tenait à lui,