Page:Romains - Les Copains.djvu/89

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

jusqu’à la gare de Lyon ? Si je trouve un train pour Nevers, et s’il part à quatre heures quarante, je puis risquer le voyage. Bénin regarda où il était. Son corps avait eu confiance en Broudier : il avait amené la bicyclette place de la République.

— Je n’ai plus à reculer. Me voilà sur le chemin, et miraculeusement.

Il tira sa montre :

— Quatre heures trente ! Le train part dans dix minutes, quinze au plus, car j’avance. Je suis homme à l’attraper.

Il prit son élan, traversa à toute vitesse des flaques d’eau noirâtres, où les pneus barbotaient. Le crottin, fouetté, bondissait vers le ciel. La rue, comme une vieille qui chique, envoyait à Bénin de puants postillons.

Le beffroi de la gare marquait quatre heures trente-cinq. Courbé sur le guidon, Bénin gravit la rampe de la cour ; il sauta sur le trottoir, enfila la première porte, accrocha le châle d’une femme, longea au pas