Aller au contenu

Page:Romains - Les Copains.djvu/94

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’uriner avant de monter en wagon. « Rien dans cette modeste voiture n’est propre à recueillir l’urine de l’homme. »

Le train siffla une autre fois. Bénin attendit une réponse à ce cri qui interrogeait. L’univers s’abstint. Le train était seul ici-bas, et Bénin, dans le train, était seul. Situation aussi navrante que celle de Dieu lui-même.

Sous les wagons il y eut un petit grincement, dans les wagons une petite secousse. Le train s’ébranla en sifflant de nouveau. Bénin se trouva mieux. Sa vessie perdit toute importance.

On s’arrêta ensuite à des stations. C’était régulier ; Bénin n’y voyait pas d’inconvénients. Personne ne descendait du train, personne ne montait. Un employé passait le long des voitures en criant quelque chose qui avait toujours l’air d’un juron. Quelqu’un donnait un coup de sifflet. Quelqu’un sonnait d’une infime trompette. Et Bénin repartait sur toutes ses roues.