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Page:Romeuf - Édouard Schuré, 1898.djvu/20

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Écrites sur les conseils de Marguerite Albana, ces pages frémissantes devaient expliquer et prouver le bien-fondé d’une thèse aussi vaste que le monde. Car la philosophie de Schuré avait résolu de n’être point égoïste. Se confiner dans la tour d’ivoire d’un Nietzsche, s’assurer un système commode pour apaiser sa propre conscience et ignorer systématiquement celle des autres, voilà qui eût été peut-être d’un cerveau fort, mais d’un cœur étroit. Le cœur de Schuré, égal à son âme, conçut le dessein de réconcilier les hommes qu’a divisés depuis toujours la multiplicité des autels.

C’est alors qu’il décida d’aller au cœur même des races pour surprendre le mécanisme de leur foi. Par les larges routes de la tradition, il s’insinua auprès de Rama, Krishna, Hermès, Moïse, Orphée, et connut peu à peu de quels éléments se composaient leurs rêves. Plus aisément, il s’assimila, en la clarifiant, la curieuse migration animique élue par Pythagore. Il se délecta du divin Platon et aboutit enfin au Jésus-Messie dont « la morale a pour dernier mot l’amour fraternel sans limite et l’alliance humaine universelle, » qui, de plus, a réalisé dans sa vie publique toutes les phases de l’initiation et donné à l’humanité entière la preuve de la résurrection spirituelle par l’Amour.

Ce travail fait, il s’aperçut qu’au delà des cérémonies et des bréviaires, il y avait un fonds commun que Rama avait connu et que Jésus avait consacré. D’un bout à l’autre des siècles s’étendait une colossale guirlande, nouée d’une part au