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le reproche qu’on pourrait faire à ce didactisme qui se défend d’en être, mais porte malgré tout l’inconsciente gêne et la lourdeur inhérentes aux exposés de doctrines.

III. — Romans

L’idée qu’Édouard Schuré se fait du roman déjoue si totalement la conception habituelle, qu’il convient d’en préciser l’essence.

Certes l’on y trouve une intrigue d’amour, mais engagée sur des voies si hautes, conduite avec de si rudes élans du cerveau et du cœur, ramenée aux idées générales avec un tel accent de gravité et d’angoisse — qu’il n’y a guère ici du roman que le nom, et qu’on oublie vite la trame des faits pour les principes de morale ou de théosophie, pour une expérience d’occultisme comme dans Le Double ou une façon d’envoûtement, comme dans La Prêtresse d’Isis.

C’est que dans cette branche soi-disant légère de la littérature, Schuré reste soi-même, c’est-à-dire un homme qui prend au sérieux tout ce qu’il voit, et interprète les heurts du cœur et de la chair en les ramifiant à la vie de l’âme et à ses destinées surnaturelles qui, seules, retiennent son attention.

« Roman-poème, c’est-à-dire un roman qui n’est pas seulement le roman de la vie intérieure, mais encore et surtout le roman de la vie supérieure ; roman qui évoque en chaque être humain le héros ; qui n’est pas une planche d’anatomie morale, mais une statue de l’éner-