Page:Romieu - Oeuvres poetiques.djvu/25

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Comme l'on comptera de féminins mentons
Qui ont abandonné leurs caducques richesses
Et se sont fait au ciel immortelles Déesses,
Aux pauvres dédié ont fait bastir maint lieu,
Qui tout tousjours estoit pour la gloire de Dieu ;
Ont fait édifier mill' et mille chappelles,
Racheté prisonniers, y a-il œuvres plus belles ?
Jamais ne serait fait qui voudrait par menu
Raconter la pitié par elles maintenu.

Lisez le fait hautain de ceste noble dame,
De qui pour tout jamais courra cy bas la famé,
Qui daigna recevoir d’une honorable main,
Libérale sans plus, tout le grand ost romain.
Tairai-je de Phriné le courage notable,
Sa libéralité sans cesse mémorable,
S’offrant à rebastir les grands murs Thebéans,
Pour vivre seulement après soy quelques ans ?
Ha ! jamais ne sera que ma muse me dicte
La grande charité qui estoit en Thahite,
Thabite qui portait tant d’honneur à son Christ
Qu’elle ne permettait que le pauvre souffrist.
Ce saint amour estoit caché dans sa poitrine
Tant qu’elle estoit sans plus à un chacun bénigne,
Aux pauvres orphelins, aux veufves mesmement,
Qui estaient sans secours, en disette et tourment ;