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IV


SI j’écrivais un conte de féerie,
Où l’on permet un peu de tromperie,
Mêlant ici mensonge et vérité,
— L’un avec l’autre aisément se marie, —
Pour dénoûment je vous aurais conté
Que le Filleul épousa la princesse,
Pour son sauveur prise d’un vif amour,
Et qu’il devint un grand prince à son tour.
Il n’en fut rien. Pourtant il eut richesse,
Clients, honneurs et crédit à la cour.
Il eut aussi des titres de noblesse,
Et dans la ville établit son séjour.
Il eut valets, demeure fastueuse,
Riche équipage et table somptueuse ;
Il but, mangea, fut heureux nuit et jour.
Comme il avait une âme généreuse,
Il fit venir chez lui ses vieux parents,
Le bon Thibaut et sa femme fidèle.
— Car elle fut des femmes le modèle ;
J’ai de ce fait le plus sûr des garants,