Page:Ronchaud - Le Filleul de la mort, 1880.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

 « Si je souffrais, dit-elle, ce larcin,
Serais-je encor la Juste qu’on révère ?
Thibaut baissa la tête tristement.

En s’éveillant il fit son testament.
Bientôt, le nez sous une couverture,
Le moribond, à son dernier moment,
Payait son dur tribut à la nature.

Le médecin, resté seul, eut son tour,
Et dans son lit dut se coucher un jour.
Sur cette couche où son heure s’apprête,
En s’étendant, il voit la Mort en tête.
Fâcheux présage ! En vain il ordonna
Pour s’y soustraire, en faisant la grimace,
À ses valets de le changer de place.
On le tourna, puis on le retourna.
Dix fois on mit, docile à sa requête,
La tête au pied, puis les pieds à la tête.
Au même lieu toujours, à son chevet,
Toujours la Mort, debout, se retrouvait.
Ce que voyant, par aucun stratagème
N’espérant plus pouvoir tromper la Mort,
Notre docteur dut accepter son sort.
Se résignant devant l’heure suprême,