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I. LIVRE

Le faiſant immortel d’vn homme :
Qui par la mer entre les Dieux
Ne craint que le temps odieux
Le nombre de ſes ans conſomme.
Briſe-les du bout de ton arc,
Puis d’elles preſſurant le marc
Fais vn bruuage & le luy baille,
Ou bien les applique à ſes bras,
Et lors ô Pean, tu rompras
Le mal qui deux ames trauaille.
Deſia ſon beau coural s’eſteint,
Et ia la Roſe de ſon teint
Se fanit pallement fleſtrie,
Et l’œil meurtrier où m’aguettoit
Amour archerot qui eſtoit
L’obiect de mon idolatrie.
Tu peux, Prince, en la guariſſant,
Me ſoulager moy periſſant
Au feu qui ſa fiéure reſemble :
Ainſi ratifiant mes vœux,
De meſme cure ſi tu veux,
Tu en guariras deux enſemble.
Lors vn temple i’edifi’ray,
Où ton image ie feray
De longues treſſes honorée,
A ſon doz pendray l’arc Turquois,
La Lyre ſœur de ſon carquois,
A ſon flanc la dague dorée.