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DES ODES.

Plus que ie ne puis :
C’eſt toy, ma Princeſſe,
Qui me fais ſans ceſſe
Fol comme ie ſuis.
Dedans le ventre auant que né ie fuſſe,
Pour t’honorer tu m’auois ordonné :
Le Ciel voulut que ceſte gloire i’euſſe
D’eſtre ton chantre auant que d’eſtre né.
La bouche m’agrée
Que ta voix ſucrée
De ſon miel a peu,
Et qui ſur Parnaſe
De l’eau de Pegaſe
Gloutement a beu.
Heureux celuy que ta folie affole,
Heureux qui peut par tes traces errer :
Celuy ſe doit d’vne docte parole
Hors du tombeau tout vif ſe déterrer.
Pour t’auoir ſeruie,
Tu as de ma vie
Honoré le train :
Suiuant ton eſcole,
Ta douce parole
M’eſchauffa le ſein.
Dieu eſt en nous, & par nous fait miracles :
D’accords meſlez s’egaye l’Vniuers :
Iadis en vers ſe rendoient les oracles,
Et des hauts Dieux les Hynnes ſont en vers.
Si dés mon enfance
Le premier de France
I’ay pindarizé,
De telle entrepriſe