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DES ODES.

Cherchez par eau par vent & par tempeſte,
D’où le Soleil hauſſe & baiſſe la teſte.
Ces Perles achetées
Si cheres ſoient iettees,
Et ces Rubis balais,
Qu’on remette en ſa mine
Ceſte Eſmeraude fine,
La pompe des Palais.
» De peu de rente on vit honneſtement :
» Le vray threſor eſt le contentement,
» Non les grands biens, lourde & faſcheuſe ſomme,
» Biens non pas biens mais le malheur de l’homme.
Ta fiéure eſt incurable
Auare miſerable :
Car l’ardeur d’acquerir,
Qui ſans repos t’enflame,
Engarde que ton ame
Ne ſe puiſſe guarir.
A iuſte droit tu-es ainſi traité :
Ah, pour vouloir banir la pauureté,
Tu te banis de ta maiſon, & changes
Ton doux païs aux regions eſtranges.
Mais le ſoin & l’enuie,
Vrais bourreaux de ta vie,
Ne t’abandonnent point :
Iour & nuict ils te nuiſent,
Et ſur ton cœur aiguiſent
L’aiguillon qui te poind.
Et toy vieillard du ſepulchre oublieux,
Qui iuſqu’au Ciel eſleues en maints lieux
Marbre ſur marbre, & ja preſque mort taſches
Fendre des rocs que tu bailles par taſches :