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DES ODES.
ODE VIII.



MA petite Nymphe Macée,
Plus blanche qu’yuoire taillé,
Plus blanche que neige amaßée,
Plus blanche que le laict caillé,
Ton beau teint reſemble les liz
Auecque les roſes cueillis.
Deſcœuure moy ton beau chef-d’œuure
Tes cheueux où le Ciel donneur
Des graces richement deſcœuure
Tous ſes biens pour leur faire honneur :
Deſcœuure ton beau front außi,
Heureux obiect de mon ſouci.
Comme vne Diane tu marches :
Ton front eſt beau, tes yeux ſont beaux,
Qui flambent ſous deux noires arches,
Commes deux celeſtes flambeaux,
D’où le brandon fut allumé,
Qui tout le cœur m’a conſumé.
Ce fut ton œil douce mignonne,
Qui d’vn fol regard eſcarté
Les miens encores empriſonne
Peu ſoucieux de liberté,
Tous deux au retour du Printemps,
Et ſur l’Auril de nos beaux ans.
Te voyant ieune, ſimple, & belle,
Tu me ſuces l’ame & le ſang :
Monſtre moy ta roſe nouuelle,