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Page:Ronsard - Œuvres, Buon, 1587, tome 2.djvu/13

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DES ODES.
Antiſtro.

De faux ſang la glace fut teinte :
Ainſi la fraude de la feinte
Le corps de Francion ſauua.
En Buthrote, viuant ſa mere,
Feignit le tombeau de son pere,
Qu’entre les Grecs il eſleua.
Son cœur elle ouurit d’vn couteau,
Ayant ſceu la fauſſe merueille,
Comme l’orage auoit ſous l’eau
Noyé ſon fils pres de Marſeille.
De pleurs la tombe il honora,
Et de beaux jeux la decora,
Par touſtes eſprouuant l’adreſſe
De la Phyrgienne ieuneſſe :
Puis faiſant la vague eſcumer,
Inuoquant Iunon & Neptune,
Hazardeux chercha ſa fortune
Au gré des vents & de la mer.

Epode.

Muſe, repren l’auiron,
Et racle la prochaine onde
Qui nous baigne à l’enuiron
Sans eſtre ainſi vagabonde.
» Touſiours vn propos deſplaiſt
» Aux oreilles attendantes,
» Si plein, outre reigle, il eſt
» De paroles abpndantes.
» Celuy qui en peu de vers
» Eſtraint vn ſuiet diuers,
» Se met au chef la couronne :
» De ceſte fleur que voici,

A vij