Ne vois-tu que le iour ſe paſſe ?
Ie ne vy point au lendemain :
Page reuerſe dans ma taſſe,
Que ce grand verre ſoit tout plein.
Maudit ſoit qui languiſt en vain :
Ces vieux Medecins ie n’appreuue :
Mon cerveau n’eſt iamais bien ſain,
Si beaucoup de vin ne l’abreuue.
I l’oiſeau qu’on voit amener
En criant le temps qui ennuye,
Peut, mon Daurat, acertener
Du prognoſtique de la pluye,
Demain le Troyen de ſa buye
Eſpandra l’eau, & ſi le iour
Sera long temps ſans qu’il s’eſſuye,
Voilé d’vn tenebreux ſeiour.
Donq pour attendre que le tour
De ceſte tempeſte ennuyeuſe
Se change par le beau retour
D’vne autre ſaiſon plus ioyeuſe,
Euite la tourbe enuieuſe,
Et ſeul en ta chambre à recoy
Eſcri de main laborieuſe
Des vers qui ſoient dignes de toy.
Eſpris d’vne ardeur comme moy
De te vouloir rendre admirable,