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III. LIVRE

Sans chiens aſſailloit les Ours,
Et les Sangliers aux dents croches.
Vn iour qu'elle auoit chaſſé
Long temps vn Sanglier ſauuage,
Repoſa ſon corps laſſé
Deſſus les fleurs d'vn riuage:
Elle pend ſon arc Turquois,
Recoiffe ſa treſſe blonde,
Met pour cheuet ſon carquois,
Puis s'endort au bruit de l'onde.
Les ſouſpirs qui repouſſoient
Du ſein la iumelle pomme,
Et ſes yeux qui languiſſoient
En la pareſſe du ſomme,
Les amours qui eſuentoient
La ſommeillante poitrine,
De plus en plus augmentoient
Les graces de Caterine.
Iupiter la vit des Cieux
(Se fait-il rien qu'il ne voye?)
Puis d'vn ſoin ambicieux
Souhaita ſi douce proye:
Car Amour qui s'eſcouloit
Doucement en ſes mouëlles,
Ses oz cogneuz luy bruloit
De mille flames nouuelles.
Adonc luy ſentant là haut
Au cœur l'amoureuſe playe,
C'eſt ores (dit-il) qu'il faut
Que pour me guerir i'eſſaye
D'aller voir celle là bas
Qui tient ma liberté priſe: