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III. LIVRE

En armes, tu ne ſois veu
Le Monarque des Eſpagnes.
Ny les Alpes au grand front,
Ny l'Apennin qui diuiſe
L'Italie, ne pourront
Retarder ton entrepriſe
Lors que trainant auec toy
Tant de legions fidelles,
Tu ne te couronnes Roy
Des Itales maternelles.
De là tirant plus auant
Vers l'Allemagne guerriere,
De la part où plus le vent
Soufle ſon haleine fiere,
Tu donteras les Gelons,
Et ceste froide partie
Que poſſedent les Polons,
Les Goths, & ceux de Scythie.
Pouſſant outre tu prendras
La Thrace, & par ta prouëſſe
Tes bornes tu planteras
Iuſqu'au destroit de la Grece:
Puis en France retourné,
Dans Paris ta grande ville
Tu triomperas orné
De ta conqueste ſeruile.
Ton pere deſia chenu
D'auoir trop mis la cuirace,
D'vn grand aiſe detenu
Fera raieunir ſa face,
Et deſſus ſon throne aßis
Sentira mille lieſſes