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Page:Ronsard - Œuvres, Buon, 1587, tome 2.djvu/207

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DES ODES.

Que ie ne fus mué alors que ie mangeay
L'herbe trop vertueuſe.
Pourtant ſi i'ay la teſte en longs cheueux difforme,
Et le corps monſtrueux d'vne nouuelle forme
Citoyenne des ondes:
Tel honneur de nature en moy n'eſt à blaſmer,
La mere Tethys m'aime, & m'aiment de la mer
Les Nymphes vagabondes.
Circe tant ſeulement ne m'aime : mais encore
Toute ardante me ſuyt, & pourneant m'adore
De folle amour eſpriſe.
Ainſi mon cœur que mille affectent, vne l'a:
Vne ſeule en iouyſt & en lieu de cela
Me hait & me deſpriſe.
Bien que Nymphe tu ſois, ah cruelle ! ſi eſt-ce
Qu'indigne ie ne ſuis de toy demy-Deeſſe:
Vn Dieu te fait requeſte.
Tethys pour effacer cela que i'eu d'humain,
Et d'homme au temps ſuiet, m'a verſé de ſa main
Cent fleuues ſur la teſte.
Mais las! dequoy me ſert ceſte faueur que d'eſtre
Immortel, & d'aller compagnon à la deſtre
Du grand Prince Neptune,
Quand Scylle me deſdaigne eſtant franc du treſpas,
Et cil à qui par mort permis ne luy eſt pas
De changer ſa fortune?