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Page:Ronsard - Œuvres, Buon, 1587, tome 2.djvu/51

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DES ODES.
Antiſtro.

Courage mes filles (dit-elle)
Et filles de ce Dieu puiſſant,
Qui ſeul en ſa main immortelle
Souſtient le foudre rougiſſant :
Ne craignez point les vagues creuſes
De l’eau qui bruit profondement,
Sur qui vos chanſons doucereuſes
Auront vn iour commandement :
Mais forcez-moy ces longues rides,
Et ne vous ſouffrez deceuoir,
Que voſtre pere n’alliez voir
Deſſous ces Royaumes humides.

Epode.

Diſant ainſi, d’vn plein ſaut
Toute dans les eaux ſ’allonge,
Comme vn Cygne qui ſe plonge
Quand il voit l’Aigle d’enhaut :
Ou ainſi que l’arc des Cieux
Qui d’vn grand tour ſpacieux
Tout d’vn coup en la mer gliſſe,
Quand Iunon haſte ſes pas
Pour aller porter là bas
Vn meſſage à ſa nourrice.

Stro. 4.

Elles adonc voyant la trace
De leur mere, qui ia ſondoit
Le creux du plus humide eſpace,
Qu’à coup de bras elle fendoit :
A chef baiſſé ſont deualées,
Penchant bas la teſte & les yeux
Dans le ſein des plaines ſalées.

C ij