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Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 1.djvu/100

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après se changer en telle sorte, qu’il n’aye aucun sentiment, afin de ne retourner plus vers celle qui le tourmente. De miel.) De cire. Sereine.) Les Sereines furent filles du fleuve Achelois, et d’une des Muses (les uns disent de Calliope, les autres de Terpsichore) qui avoient le haut du corps en façon d’oiseaux, et le bas en forme de pucelles : ou comme les autres disent, le haut en forme de pucelles, et le bas en forme de poissons. Elles se tenoient en une isle de la mer Sicilienne, qui se nommoit l’Isle Fleurie, et chantoient merveilleusement bien, tellement que elles allechoient les nautonniers par la douceur de leurs chants, et les tiroient en des destroits de mer, où ils perissoient. Mais Ulysse qui avoit esté averti de cela par la Nymphe Circe [Calypson], lors qu’il y voulut passer, estoupa de cire les oreilles de tous ses compaignons, et se fit lier estroitement au mast de la navire : et par ainsi évita le danger. Homère le raconte au douzième de l’Odyssée [39-54]. Je parleray quelquefois des Sereines plus amplement sur le cinquième des Odes, en l’Ode aux trois Princesses Angloises. Qui de mon nom.) C’est une allusion à la fable d’Ajax, lequel après qu’il se fut tué, pour n’avoir peu obtenir les armes d’Achille : de son sang sortit une fleur, aux fueilles de laquelle estoient escrites ces lettres A I, qui sont les premières lettres de son nom : et outre ce ont signifiance de douleur : car A I en Grec est à dire Helas. Voy Ovide au treizième de la Métamorphose [397. Voir aussi X, 215].


XVII

Par destinée en mon ame demeure
L’œil, et la main, et le poil délié,
Qui m’ont si fort brûlé, serré, lié,
Qu’ars, prins, lassé, par eux faut que je meure.
Le feu, la senv, et le reth à toute heure,
Ardant, pressant, noudant mon amitié,