Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 1.djvu/335

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Je ne sçay plus, mon Janet, où j’en suis :
Je suis confus, et muet : je ne puis
Comme j’ay fait, te déclarer le reste
De ses beautez qui ne m’est manifeste :
Las ! car jamais tant de faveurs je n’u,
Que d’avoir veu ses beaux tetins à nu.
Mais si l’on peut juger par conjecture,
Persuadé de raisons, je m’asseure
Que la beauté qui ne s’apparoit, doit
Estre semblable à celle que l’on voit.
Donque pein la, et qu’elle me soit faite
Parfaite autant, comme l’autre est parfaite.
Ainsi qu’en bosse esleve moy son sein
Net, blanc, poly, large, entre-ouvert, et plein,
Dedans lequel mille rameuses veines
De rouge sang tressaillent toutes pleines.
Puis quand au vif tu auras descouvers
Dessous la peau les muscles et les ners :
Enfle au dessus deux pommes nouvelettes,
Comme l’on voit deux pommes verdelettes
D’un orenger, qui encores du tout
Ne font qu’à l’heure à se rougir au bout.
Tout au plus haut des espaules marbrines,
Pein le séjour des Charités divines,
Et que l’Amour sans cesse voletant
Tousjours les couve, et les aille esventant,
Pensant voler avec le Jeu son frère
De branche en branche es vergers de Cythere.
Un peu plus bas en miroir arrondy,
Tout potelé, grasselet, rebondy,
Comme celuy de Venus, pein son ventre :
Pein son nombril ainsi qu’un petit centre,