Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 2.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


SECONDE PARTIE


SUR LA MORT DE MARIE


Properce,
Trajicit et fati littora magnus amor.


I

Je songeois sous l’obscur de la nuict endormie,
Qu’un sepulchre entre-ouvert s’apparoissoit à moy
La Mort gisoit dedans toute palle d’effroy,
Dessus estoit escrit Le tombeau de Marie.
Espovanté du songe en sursault je m’escrie,
Amour est donc sujet à nostre humaine loy :
Il a perdu son regne, et le meilleur de soy,
Puis que par une mort sa puissance est perie.
Je n’avois achevé, qu’au poinct du jour, voicy
Un Passant à ma porte, adeulé de soucy,
Qui de la triste mort m’annonça la nouvelle.
Pren courage, mon ame, il fault suivre sa fin :
Je l’entens dans le ciel comme elle nous appelle :
Mes pieds avec les siens ont fait mesme chemin.