Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 2.djvu/305

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Heureux cent fois toy Chevalier errant,
Que ma Déesse alloit hier parant,
Et qu’en armant baisoit, comme je pense.
De sa vertu procede ton honneur :
Que pleust à Dieu, pour avoir ce bon-heur,
Avoir changé mes plumes à ta lance.


III

Dieux, si au ciel demeure la pitié,
En ma faveur que maintenant on jette
Du feu vangeur la meurtriere sagette,
Pour d’un mauvais punir la mauvaistié :
Qui seul m’espie, et seul mon amitié
Va detraquant, lors que la nuict secrette,
Et mon ardeur honteusement discrette
Guident mes pas, où m’attend ma moitié.
Accablez, Dieux, d’une juste tempeste
L’œil espion de si maudite teste,
Dont le regard toutes les nuicts me suit :
Ou luy donnez l’aveugle destinée
Qui aveugla le malheureux Phinée,
Pour ne voir rien qu’une eternelle nuit.


IIII

Il ne falloit, Maistresse, autres tablettes
Pour vous graver, que celles de mon cœur,
Où de sa main Amour nostre veinqueur
Vous a gravée, et vos graces parfaites.
Là voz vertus au vif y sont portraites,
Et voz beautez causes de ma langueur,