Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 2.djvu/33

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BELLEAU

Docte Buttet.) Ce Sonet, ou plustost Quinzain, s’adresse à Marc Claude de Buttet, gentilhomme Savoisien, lequel oultre la parfaite cognoissance que il a de la Poèsie (de laquelle il a le premier illustré son pays) est merveil leusement bien versé aux sciences de Philosophie, et pource le surnom de docte luy est icy attribué par nostre autheur : lequel le supplie, s’il survit apres luy, d’engraver les sept lignes dernieres de ce Sonet sur sa tombe.


II

Marie, vous avez la jouë aussi vermeille
Qu’une rose de May, vous avez les cheveux
Entre bruns et chastains, frisez de mille nœuds,
Gentement tortillez tout-au-tour de l’oreille.
Quand vous estiez petite, une mignarde abeille
Sur voz lévres forma son nectar savoureux,
Amour laissa ses traits en voz yeux rigoureux,
Pithon vous feit la voix à nulle autre pareille.
Vous avez les tetins comme deux monts de lait,
Qui pommelent ainsi qu’au printemps nouvelet
Pommelent deux boutons que leur chasse environne.
De Junon sont voz bras, des Graces vostre sein,
Vous avez de l’Aurore et le front et la main,
Mais vous avez le cœur d’une fiere Lionne.


BELLEAU

Marie, vous avez.) Qui voudra cognoistre ce qui est le plus souhaitable en une perfection de beauté, qu’il lise diligemment ce Sonet. Marie vous avez la joué aussi vermeille qu’une rose de May.) Ceste comparaison comme